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Les sanglots longs des violons…

C’était il y a 75 ans, et quelques heures maintenant.

Ils étaient jeunes, très jeunes pour certains, et ils avaient passé la nuit à voguer, la peur au ventre, car nul ne savait ce qui l’attendrait une fois la rampe baissée.  Et ce fut ne véritable boucherie.

Certains se noyèrent, car leur barge s’était arrêtée trop tôt, trop loin de la plage, et les 30 à 40 kg de barda qu’ils portaient les entraînèrent par le fond. D’autres virent leurs compagnons de route, parfois leurs amis, se faire littéralement découper par les balles tirées par les canons tankés en face d’eux.

Aucune guerre n’est bonne ; des personnes y meurent. Et ces hommes, ces femmes, formés afin d’utiliser  la violence la plus terrible qu’il soit – tuer – savent ce qui les attend. Ils savent ce qu’ils font, et  pourquoi ils le font.

En regardant les commémorations aujourd’hui, avez vous remarqué, dans les lettres qui ont été lues, le nombre de fois où l’on a pu entendre : « je dois le faire ».

Face à ce devoir pour lequel beaucoup, trop, beaucoup trop de jeunes hommes et jeunes femmes ont laissé leur vie, il est de notre obligation, un petit siècle après, de perpétuer cette lutte éternelle contre la tyrannie, contre toute forme d’arbitraire abject, qui voudrait, au nom de je ne sais quelle idéologie délirante, désigner certains comme n’étant pas dignes de vivre.

Car il est effrayant de s’apercevoir jusqu’où certains, et certaines, de nos jours encore, sont prêts à aller afin de satisfaire leur soif de violence, comme un palliatif à une ignorance, une bêtise crasse, immonde et sans limite.

On se dit que si l’Histoire devait se répéter, il y aurait toujours de bonnes âmes disponibles afin d’aider au  remplissage des trains, ou je ne sais quoi d’autre.

Alors restez vigilants, ne relâchez pas votre attention. Et si vous en voyez, assurez vous de renvoyer ces ordures au fond des chiottes, là d’où elles n’auraient jamais du sortir.

 

Bonne soirée à vous.

 

À prestu.

« Ne te tourmente pas, mon père, parce qu’on m’appelle chien, que je suis vêtu d’un double tribôn, que je porte une besace sur les épaules et que j’ai un bâton en main :

en effet il ne vaut pas la peine de te tourmenter pour ce genre de choses, il faut plutôt t’en réjouir, parce que ton fils se contente de peu et qu’il est affranchi de l’opinion, à laquelle tout le monde est asservi, aussi bien les Grecs que les barbares :

en effet ce nom, outre qu’il n’a pas de rapport naturel avec les choses et qu’il n’est qu’un symbole, est glorieux d’une certaine manière.

Car, si on m’appelle chien, c’est celui du ciel, et non de la terre, parce que c’est à lui que je me rends semblable, en vivant non point selon l’opinion, mais selon la nature, libre sous la seule autorité de Zeus, n’imputant le bien qu’à lui et non à mon semblable.

Quant à mon équipement, Homère écrit qu’Ulysse, le plus sage des Grecs, l’a porté, quand, revenant d’Ilion, il rentra chez lui, conseillé par Athéna, et il est si noble qu’on s’accorde à y voir une invention non point humaine, mais divine :

“Pour commencer, la déesse lui donna pour vêtements un haillon et une tunique misérables, sordides, souillés d’une fumée dégoûtante, puis elle jeta sur lui la grande peau d’un cerf rapide, toute râpée, et lui donna un bâton et une vilaine besace, toute trouée, avec un bout de corde pour courroie.”

Rassure-toi donc, mon père, aussi bien pour le nom qu’on me donne que pour mon équipement, puisque le chien est d’ordre divin, et que l’autre est une invention divine. »

Diogène, lettre à Hikétas.

Quelque part, au nord de l’île de beauté, 2016.