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You wanna know where I got these scars ?

— Le Docteur Angot va vous recevoir ! lui dit-elle en lui tendant, avec une insistance curieusement inquiète, un petit cachet blanc et un gobelet d’eau pour l’accompagner. Il avala ce qu’on lui donnait parce qu’on le lui donnait, et entra dans une pièce.

En face de lui se trouvait une chaise, en face de cette chaise, devant une petite fenêtre grillagée derrière laquelle on apercevait la lumière matinale des jours qui annoncent l’été, se trouvait un bureau derrière lequel une femme était assise, l’air aussi grave que sa blouse était blanche. Docteur Angot, se dit-il, ça doit être elle, c’est vrai qu’elle a un air de Christine. Il s’assit péniblement.

— Savez-vous pourquoi vous êtes ici ? lui demanda la dame blanche. Il regarda autour de lui. À sa droite, le long du mur, se tenaient une petite dizaine de personnes, toutes assises. Certaines portaient l’habit hospitalier, d’autres non. Certaines semblaient attentives à l’échange qui se tenait, d’autres regardaient leurs téléphones, d’autres prenaient des notes sur un carnet. Qui sont ces personnes ? se demanda-t-il.

— Savez-vous pourquoi vous êtes ici ? insista son interlocutrice. Malgré que ce qui semblait être un calmant commençait à faire effet, il se souvint des méthodes qui étaient utilisées dans les geôles soviétiques, lorsqu’il s’agissait d’extorquer des aveux. Il avait l’impression étrange d’être Monsieur K. Il répondît.

— Docteur, lors de notre dernière rencontre, vous m’avez indiqué qu’il était dangereux de donner des neuroleptiques à un cerveau qui n’était pas malade. Il remarqua alors la personne installée de profil, derrière son accusatrice, qui semblait noter chaque mot de leur échange.

— C’est pourtant bien du Loxapac que vous me faites prendre quatre fois par jour, j’ai vu les boites vides dans la poubelle à l’entrée de la salle des infirmiers, on m’a même réveillé la nuit dernière pour me donner une dose supplémentaire de ce truc amer. Il se tourna vers l’un des infirmiers à sa droite.

— Je suis désolé d’interrompre le spectacle, lui dit-il, mais pourrais-je parler à un vrai médecin ?

Philippe, Hypermnésie Brejnevienne, Mai 2017.